Un peu de lecture, ça vous va ? <3

   Le paysage sous la pluie défilait à toute vitesse par la fenêtre où coulaient de nombreuses gouttes. Les champs, les prairies, les montagnes au loin, les routes, les lignes de maisons se succédaient. La jeune fille, le menton appuyé sur sa main, admirait les différents décors qui s'offraient à sa vue d'un air fatigué. Son visage renfrogné s'expliquait sûrement par le fait qu'elle et ses parents, assis à l'avant de la voiture, avaient passés la moitié de la nuit au cinéma, regardant un film exceptionnellement long. « Le flingue », c'était le nom de ce film de quatre heures.
   La jeune fille de douze ans avait tellement insisté pour aller le voir que ses parents avaient finis par capituler et par l'accompagner. Tout au long du film, les spectateurs suivaient une tueuse en série, laquelle n'avait pour elle qu'un pistolet, d'où le nom du film, qui tuait personne sur personne et mettait au point des plans pour pouvoir ensuite échapper à la police. Ces stratagèmes avaient particulièrement fascinés la jeune adolescente, qui s'était mis en tête de les retenir tous pour les utiliser afin de réussir à ne pas se faire prendre par ses parents. Elle avait été toute excitée à l'idée d'utiliser les techniques de véritables pros.
    Désormais, elle était juste fatiguée et somnolait déjà. Sa tête dodelinait au rythme des secousses de la voiture et ses mains étaient retombées sur ses jambes. Soudain, ne pouvant plus résister, elle s'écroula, les yeux clos, sur la banquette arrière. Elle s’assoupit en un rien de temps tandis que la voiture cahotait doucement sur la route.
    Le père de la jeune fille jeta un coup d’œil attendrit dans le rétroviseur avant de se concentrer sur la route. Sur le tableau de bord, l'heure clignotait lentement. 23 h 59. 00 h 00. 00 h 01. 00 h 02. Les minutes s'écoulaient dans un silence brisé seulement par le ronronnement du moteur et le mince filet de musique qui sortait de la radio.
    Soudain, un coup de feu, un bruit de verre brisé, un cri, un deuxième coup de feu, des crissements de pneus, un bruit de collision, puis plus rien. Sonnée, la jeune fille se releva tant bien que mal pour s’asseoir et se pris la tête dans les mains pour l'empêcher de tourner. Elle se détacha précautionneusement et ouvris la portière, qui, heureusement, n'avait pas été bloquée par le choc. Elle sortit et fit quelques pas hésitants pour tester ses jambes. Pas de traces d'un quelconque os brisé ou d'un muscle foulé. La pluie s'était arrêtée et la voiture s'était retrouvée dans le fossé d'herbe, aussi ne se ferait-elle pas mal si elle tombait maintenant.
    Une fois qu'elle eut retrouvé ses esprits, elle se mit à appeler ses parents pour vérifier qu'ils allaient bien. Seul le vent qui hurlait en repoussant les nuages lui répondit. Sans se décourager, la jeune adolescente recommença, toujours sans recevoir de réponse.
   Après le troisième appel, elle s'affola et sa voix se fit plus perçante. Elle se mit à crier et ouvrit la portière avant avec énergie. Ce qu'elle vit la cloua sur place. La tête de son père reposait sur le volant et d'un trou dans sa tempe coulait un filet de sang. Ses yeux grands ouverts et vitreux regardaient sans la voir sa fille qui le dévisageait avec horreur et tristesse. A côté du corps déjà froid de son père, la jeune fille vit sa mère, dans la même position que son père. Elle réussi à deviner dans la pénombre un trou identique à celui de son père sur le front de sa mère.
   Les larmes affluèrent à ses yeux et coulèrent lentement sur ses joues. Elle se laissa tomber au sol, la tête levée au ciel et laissa échapper un hurlement de rage et de douleur. Elle baissa la tête et flanqua ses mains sur son visage, essayant ainsi de contenir le flot de larmes. La jeune adolescente sentit un liquide chaud et poisseux lui tacher les mains et s'arrêta momentanément de crier pour regarder ses doigts. Ceux-ci étaient maintenant écarlates de sang et un flaque rougeâtre s'agrandissait encore à ses pieds.
   A la vue du liquide vital, une vive douleur lui transperça l’œil droit et lui arracha un cris de douleur. Elle pressa ses mains sur son œil blessé et se releva en pleurant de plus belle et en criant. Elle tituba jusqu'à un flaque d'eau formée par la pluie éclairée par les lampadaires qui bordaient la route. En dévoilant son œil, son reflet lui fit tellement peur qu'elle recula précipitamment en hurlant. Son œil n'était plus qu'une boule blanche ensanglantée où s'était fiché un éclat de verre. Les larmes ne coulaient que de son œil gauche.
    La jeune fille se mit à chanceler et se laissa tomber à genoux en hurlant vengeance. Elle avait réfléchis à la provenance des trous mortel présents sur ses parents et en avait tout de suite déduit qu'ils avaient été victime d'un meurtre. S'étant couchée sur la banquette, elle avait dût passer inaperçue et était la seule survivante. Elle voulait maintenant faire subir les pires souffrances à celui qui lui avait tout enlevé.
   Elle leva la tête vers le ciel, serra les poings et se mit à crier sa souffrance aux étoiles, à jurer qu'elle retrouverait l'assassin et le tuerait à son tour. Si un passant l'avait vue à ce moment là, le visage ravagé par les larmes et le sang, hurlant à s'en déchirer la gorge, il l'aurait prise pour une folle furieuse et se serait enfuis à toutes jambes. Mais seules quelques voitures passaient en vrombissant à cette heure là et personne ne fit attention à cette ombre immobile dans la nuit.